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. : [N]ews du 04/04/2011 à 18:20 : . |
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[ToWFic] Chapitre 68 : Décennie |
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Après de longues semaines d'absence voici un nouveau chapitre de la fanfic consacrée à la conclusion de l'épopée de Kane.
Chapitre 68
La cafetière émettait un doux bourdonnement, un simple son qui suffisait à lui seul à redonner un peu d’énergie à un Marcus au bord de l’évanouissement. La tête plongée entre ses mains il attendait que l’eau se soit gorgée jusqu’à la dernière goutte de cette drogue. L’arôme emplissait peu à peu la pièce et enivrait son esprit fatigué. Le parfum envahissait son système nerveux et redonnait quelques couleurs à des pensées saturées par des réflexions qui n’avaient que trop durées. Il savait que physiquement le café n’aurait aucun effet immédiat, mais il se trouvait dans un tel état d’épuisement que la simple sensation de chaleur qui allait traverser son corps lui redonnerait suffisamment de courage pour tenir quelques heures de plus.
Marcus se croyait revenu à ses années d’études à l’école d’officiers supérieurs. Ces longues nuits passées à revoir inlassablement les tactiques, les récits de batailles contre le Nod. A la différence prêt qu’à l’époque il l’apprenait dans un but purement historique, aujourd’hui il se replongeait dans ses études pour affronter une guerre qu’il savait imminente.
Dès l’instant où Kane avait rendu son dernier souffle Marcus avait su qu’un jour ou l’autre la guerre reprendrait. Il s’entrainait sans relâche depuis des années pour affronter une menace que le Messie déchu du Nod avait annoncé. Et malgré lui il s’était enfermé dans une telle routine qu’il avait fini par croire qu’il ne retournerait plus jamais sur un vrai champ de bataille. Peut être que le fait de devoir affronter un ennemi contre lequel il ne s’était pas préparé le déroutait plus qu’il ne voulait le croire.
Une fois le café enfin prêt il se servit une grande tasse et retourna dans son bureau, inondé de documents en tout genre. Plusieurs années avant le début de la quatrième guerre du Tiberium il avait participé à des simulations sur la révolte de Cabal. Au cours de l’un des ces affrontements virtuels son appareil avait été abattu et il s’était retrouvé acculé par l’un de ces êtres mi-machine mi-homme. Jamais il n’avait pu oublier la terreur qui l’avait étreint quand son regard avait croisé celui de son ennemi. Avant ce moment il n’avait jamais compris les vétérans qui parlaient de cette absence d’âme que l’on ressentait dans leurs yeux. Vingt ans après Marcus ressentait encore un frisson de terreur à ce simple souvenir.
Qui était Cabal ? D’innombrables études avaient tenté de répondre à cette question mais nulle n’y était jamais parvenue. Quelques rares analystes avaient tenté de le comparer à EVA mais malgré sa sophistication, l’intelligence artificielle du GDI restait une machine et réfléchissait comme tel. Cabal était bien plus qu’une ligne de code, qu’un immense réseau d’ordinateurs. Un siècle plus tôt on avait fantasmé sur des films où des créatures informatiques se révoltaient mais après plusieurs décennies d’une technologie toujours poussée plus loin on avait compris que cela était impossible.
Cabal était donc plus qu’une simple machine, mais qu’est ce qui pouvait donc faire de lui une entité si unique ? Les fanatiques du Nod le considéraient comme l’âme de leur confrérie, comme l’incarnation de leur idéologie. Et c’était en partie vrai, une fois libéré de ses chaînes par Slavik, Cabal avait scrupuleusement appliqué les principes fondateur du Nod, la terreur, la propagation du Tiberium, le massacre des infidèles.
Au terme de ce conflit où pour la première fois le GDI et le Nod avaient combattu ensemble la mystérieuse entité informatique avait été vaincue et détruite. Ou du moins c’est ce que l’on avait affirmé à l’époque. Marcus en doutait aujourd’hui sérieusement. Si l’on partait du principe qu’il n’était qu’un programme informatique alors oui il avait peut être été détruit et relancé quelques décennies plus tard. Mais cela amenait à se poser une autre question bien plus douloureuse, qui aurait conservé ce monstre pendant toutes ces années avant de le faire ressusciter alors que le monde connaissait enfin la paix ?
Marcus pensa aussitôt à un nom mais secoua lentement la tête comme pour se convaincre de l’ineptie de ses théories.
« Je l’ai vu mourir sous mes yeux, ça ne peut pas être lui. »
Il repoussa une pile de documents et découvrit le visage de Kane, une photo du Messie illustrant un vieil article de journal.
« Tu nous avais promis qu’un nouveau conflit naitrait, tu nous avais prédit le début d’une nouvelle guerre. Je ne peux pas croire que tu n’étais pas au courant que Cabal reviendrait un jour. »
Marcus détourna le regard et tomba sur un autre article de journal, paru quelques jours plus tôt.
Trois soldats meurent au cours d’un entrainement de réalité virtuelle
Malgré leurs tentatives de camoufler l’affaire l’incident était tombé dans l’oreille des journalistes. Les accidents étaient rares dans ce genre d’exercices mais ils existaient. L’immersion dans ce monde créé de toute pièce par de puissants ordinateurs était telle que l’esprit peinait parfois à faire la différence entre la réalité et le rêve. En plusieurs milliers d’entrainements les morts à déplorer ne s’étaient comptés que sur les doigts d’une main, tous tués par une crise cardiaque. Trois victimes en une seule séance était statistiquement impossible, les soldats présents sur place avaient aussitôt considéré leurs morts comme de véritables meurtres. Personne au sein du quartier général n’osait le dire mais tous savaient que ces trois soldats étaient les premières pertes de la cinquième guerre du Tiberium.
Marcus retira le journal pour en découvrir un autre, daté dix ans plus tôt. La photographie qui illustrait l’article présentait un Messie neutre, on ne reconnaissait ni le seigneur de guerre fanatique du début du second millénaire, ni l’apôtre de la paix de la veille du dernier conflit, le portrait d’un homme qui avait marqué l’histoire de l’humanité pendant prêt d’un siècle. Une représentation si inhabituelle de Kane qu’elle éclipsait presque le titre.
Le monde peut-il exister sans Joseph Kane ?
Une question qui était loin d’être anodine, le charismatique chef du Nod avait été lié au destin de l’espèce humaine pendant prêt de cent longues années, entrer dans une nouvelle ère où sa voix ne retentirait plus n’avait rien d’évident. Marcus n’avait cessé de repenser à ce jour fatidique où Nolan avait exécuté son ancien maître. La mort du Messie aurait du le soulager mais ses derniers mots avaient fait naître en lui un profond malaise. Malgré ses crimes et les guerres qu’il avait provoqué Kane n’était pas un tyran sanguinaire, il s’était battu pour les populations délaissées du Nod et au cours des dernières années de sa vie il avait cherché à réunifier le monde, ce qu’il avait finit par réussir en se sacrifiant.
Marcus ne pouvait pas croire que Kane avait laissé comme héritage les germes d’une nouvelle guerre, il avait cherché à les prévenir contre une terrible menace et Marcus n’acceptait pas encore l’idée qu’ils allaient affronter Cabal, l’ancienne IA de la Confrérie.
Il referma le journal et leva les yeux vers un portrait qui ornait son bureau. Kilian Qatar, la traitresse du Nod qui avait semé le trouble au sein de la Confrérie prêt de cinquante ans auparavant, la mère de l’homme qui avait mis un terme au règne sans partage de Kane. Marcus n’avait plus revu Nolan depuis la bataille du Temple du Ciel, pas une seule fois il n’avait trouvé le courage d’affronter le regard de son vieil ami. Il savait que sans sa condamnation la paix n’aurait pas été assurée mais il ne se pardonnait pas ce qui apparaissait à ses yeux comme une trahison.
Nolan avait été le personnage principal d’un plan monté de toute pièce par Kane, une tragédie qui avait vu de vieux ennemis se retrouver dans le sacrifice du plus illustre des leurs. Il avait été l’un des plus grands chefs de la Main Noire, au même rang que des hommes tels que Slavik, pièce maîtresse d’une confrérie fondée sur la soumission totale à des chefs fanatiques. Nolan était à ce jour le personnage le plus important du Nod encore en vie, et à ce titre le détenteur de ses plus grands secrets. Il avait été interrogé d’innombrables fois mais aujourd’hui Marcus se demandait s’il avait réellement tout dit, si un homme savait quelque chose sur l’étrange réapparition de Cabal ça ne pouvait être que lui.
Marcus fronça les sourcils dans une grimace presque grotesque, il se maudissait d’être arrivé à une telle conclusion. Il quitta son bureau désordonné et partit se préparer pour un face à face qu’il avait fuit pendant dix longues années.
Yssan
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